Collection de peinture La Lyre
La Lyre et la salle des Fêtes de Carteret
Dans une lettre datée du 26 octobre 1923, le maire de Carteret, M. Aubel, écrit à La Lyre à propos de la future salle des fêtes :
« … La commune vous est très reconnaissante de l’œuvre que vous avez bien voulu lui offrir si gracieusement et en son nom je vous en remercie. »
En fait, La Lyre fera don à la commune de Carteret de tout un ensemble de tableaux pour décorer les murs de la salle des fêtes, inaugurée le dimanche 15 juin 1924, sous la présidence de M. Franklin-Bouillon, débuté de Seine-et-Oise, ancien Ministre d’Etat et toujours grand ami du peintre.
Le 10 octobre 1926, dans cette même salle, à l’occasion de la remise de la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à La Lyre, le maire, au cours du banquet donné pour fêter cette haute distinction, évoquera la générosité du peintre durant son discours :
« Vous avez fixé la beauté de notre pays en maints tableaux et vous avez voulu que cette salle soit parée de quelques-uns d’entre eux. Vous avez gâté Carteret… »
Quand la salle des fêtes se convertira en salle cinématographique, les grandes peintures de La Lyre demeureront longtemps à leur place initiale, tant qu’elles ne gênaient pas ! Puis, les rénovations successives, l’installations d’un écran large pour le cinémascope, la modernisation de l’éclairage auront raison des toiles du peintre. Elles seront remises avec soin à la Mairie par M. Barraux, le directeur du cinéma, puis… remisées n’importe comment au rayon des vieux accessoires par quelque employé municipal ne briguant pas un portefeuille de ministre des Beaux-Arts. On croyait les tableaux définitivement perdus dans les oubliettes éternelles. Pendant plusieurs décennies, personne n’y songea plus.
Un petit article dans une feuille locale réveilla la torpeur générale. C’est vrai, se dirent les Carterétais de vielle souche (et les Barnevillais profondément enracinés, en écho), qu’étaient devenus les tableaux de la salle des fêtes ? M. Raymond Leterrier, le maire actuel de Barneville-Carteret, piqué au vif et au jeu, mit son point d’honneur à les retrouver. Il partit en campagne, fit le tour des bâtiments communaux avec une énergie peu commune et, à force de recherches opiniâtres, dont nous le remercions vivement, il mit enfin la main dessus.
Main heureuse car les peintures n’étaient pas en trop mauvais état de conservation, les cadres dorés ayant souffert davantage des injures du temps et de la négligence des hommes que les toiles dont certaines montraient néanmoins quelques accrocs aisément restaurables et qui, toutes, avaient besoin d’un bon nettoyage pour retrouver leurs couleurs d’antan et leur vernis aujourd’hui.
C’est donc cet important ensemble de tableaux de La Lyre sauvés et restaurés que nous vous présentons aujourd’hui, accompagné d’autres œuvres du peintre, de moindre dimension, provenant de collections particulières, ainsi que, sous vitrine, d’une sélection de dessins et esquisses, de documents biographiques et bibliographiques, de cartes postales anciennes et photographies concernant le peintre Adolphe La Lyre.
Extrait de l’exposition AD. LA LYRE à la Salle Des Douits à Carteret, 1995